La
Montagn'Hard était dans ma ToDoList depuis quelques temps, elle restera dans
mes plus beaux souvenirs de course.
St
Nicolas-de-Véroce est le camp de base de la course, situé sur la commune de St
Gervais-les-Bains à l'entrée de la vallée des Contamines-Montjoie qui sera
notre terrain de jeu. Son
rapport distance/dénivelé (107km pour 8800mD+) en fait une course très costaud
où il y a peu de répit. Sa convivialité est un atout majeur que tout le
monde apprécie, 300 coureurs max et une équipe d'organisation et de bénévoles
aux petits soins avec lesquels on partage l'aventure.
Arrivée
la veille avec rémi nous posons nos affaires au gite du Pontet rempli de
coureurs des 3 distances proposées (107, 60 et 40km). La météo est incertaine,
alternance de pluie et d'éclaircies avec des températures douces. A 18h nous
sommes tous devant l'écran géant du restaurant pour assister à la défaite de la
France face à l'Allemagne, 1/4 de finale du Mondial de foot. Il pleut fort à la
fin du match nous allons nous coucher en se disant que ce qui est tombé
maintenant ne tombera pas demain, on se console comme on peut.
Petit
dej à 3h avant de prendre la navette qui nous descend à St Nicolas. Il pleut
toujours. Le départ se fera en tenue de pluie. On se trouve un coin à l'abri
pour se préparer.
Un
sac de délestage est prévu au ravito de l'Etape km62. J'ai pris des affaires
pour me changer avant d'attaquer la nuit et une paire de chaussure. On ferme le
sac et on le dépose dans la benne.
Tous à l'abri en attendant le départ
5h10
c'est parti. La Montagn'Hard c'est du costaud sur le papier comme sur le
terrain. Après 300m de bitume en descente on attaque à grimper par les pistes
de ski.
1ère
montée raide de 400mD+ en 4km puis descente jusqu'au point bas de la course
(940m) pour traverser la route à Bionnay. La pluie a cessé je profite de la
traversée du village pour quitter la veste.
Changement de versant nous montons vers le Prarion par le col de la
Forclaz. C'est toujours très humide avec un peu de bruine.
Petite descente en bordure de St Gervais pour atteindre le 1er ravito
aux Toilles km12. Puis ça repart à la montée. Passé le col de la Forclaz on
aperçoit la vallée de Chamonix sur notre gauche dans la grisaille.
Au sommet du Prarion (1969m) nous passons dans les nuages et la pluie
revient. J'hésite à remettre la veste, il ne fait pas froid je continue comme ça.
Nous sommes sur le domaine des Houches. Au niveau de l'Hotel sur la photo, la piste du Kandahar (pour les connaisseurs) démarre sur la gauche.
Nous sommes sur le domaine des Houches. Au niveau de l'Hotel sur la photo, la piste du Kandahar (pour les connaisseurs) démarre sur la gauche.
On
vient contourner le Tête de la Charme direction le village de Bionnassay. Dans
la descente on coupe la ligne du TMB qui permet du monter au Nid d'Aigle point
de départ de la voie normale du Mont -Blanc.
Les ânes se marrent en nous regardant passer, ils doivent savoir ce qui
nous attend.
Km23
ravito de Bionnassay. 4h de course pour moi je suis exactement dans mes temps
prévisionnels. Au ravito Christian Lefevre alias Badgone est là,
il assure comme à son habitude l'assistance de Martine qui terminera 1ère
féminine. Comme elle est déjà passée il me prend en charge, c'est trop
sympa. Je reste assis sur
une chaise, il m'apporte à manger, me remplit les bidons, ... quel luxe ! Merci
encore Christian.
Rémi traîne une vilaine blessure au tendon d'Achille, il a quand même
tenu à venir sur la course et a pris le départ sachant qu'il pourrait bifurquer
à mi parcours pour terminer sur le 60km. On avait décidé de ne pas faire course
commune mais au ravito de Bionnassay il est arrivé juste derrière moi, on
repart pour un bout de Tricot ensemble.
Je vous rassure il n'y a pas d'activités annexes sur la course c'est
juste le col du Tricot (2120m) qui s'annonce.
Cow-pines avec son cowboy
Rude montée dans la végétation basse où je suis attaqué
par les mouches, une courte descente nous amène à la passerelle suspendue du
torrent de Bionnassay qui gronde en contrebas. Passage sécurisé en marchant, un
seul coureur à la fois sur la passerelle.
La 2e partie est aussi raide mais à découvert. Un bon 800mD+ où l'on
croise notre 1er névé.
Le final du col du Tricot
Il faut maintenant redescendre par cette belle pente herbeuse jusqu'au Chalets de Miage
Photo organisation La Montgn'Hard
Dans
la descente le photographe est posté. On ne le sait pas encore mais cette photo
sera offerte aux finishers au passage de la ligne d'arrivée.
Km31
6h de course et déjà 2780mD+ cumulés. Ravito de Miage la foule (relative) est
venue nous encourager. Alex est là, on ne le présente plus, multiple vainqueur
de la MilKil et sénateur du Tor entre autres, ça vous pose un bonhomme mais
toujours aussi simple et sympa.
Après
le ravito courte montée jusqu'aux chalets du Truc puis descente en forêt
au-dessus des 1ère maisons des Contamines pour atteindre le pied de la combe
d'Armancette. 600mD+ pour rejoindre un sentier en balcon qui nous amène au
refuge de Tré-la-tête.
Au
pointage du refuge Laurent et Pierre nous attendent. Ce n'est pas un ravito
officiel mais ils ont monté à dos d'homme 3 futs de bière pour les potes. On a
même le choix de la marque. L'accueil est chaleureux et j'arrive avec le
sourire.
photos L'Bagnard
Un des secrets de la réussite du finisher de la Montagn'Hard : une bière à Tré-la-tête. Il faut rester sage et consommer avec modération. Nous ne sommes qu'au km42.
Descente
technique et glissante après le refuge. Depuis quelques minutes la tête de
course du 60km nous rattrape. J'ai déjà vu passer 9 coureurs dont la 1ère
féminine qui est passé comme une bombe. Philippe me dépasse en 10e position
toujours aérien dans la descente. On échange quelques mots puis il file pour
finir dans le Top10. Une vingtaine de coureurs seulement me dépasseront avant
la bifurcation des 2 parcours au km60.
On franchit un pont et au hameau de La Laya on rejoint la
célèbre voie romaine que l'on descend jusqu'à Notre-Dame de la Gorge. Puis on
suit la route jusqu'aux Contamines sur une partie roulante (la seule) de 4km.
Ca permet de dérouler un peu les jambes jusqu'au ravito posé sur la place de la
mairie. Le ciel s'est dégagé et il fait chaud.
Km50, 10h de course je suis toujours pile dans mes
temps prévisionnels. Sur le 107km beaucoup disent que la course commence ici.
La suite c'est 1300mD+ d'un trait pour le Mont Joly avec à mi-pente le piège de
la bifurcation sur le parcours du 60km. Ceux qui ne sont pas bien à ce moment
se laisseront tenter. Je prends le temps de manger et de me poser un instant à
l'ombre. Mon objectif à ce point de la course était de passer le Mont Joly en
fin d'après midi et de rejoindre avant la nuit le ravito de l'Etape où le sac
de change nous attend. Il est 15h j'ai prévu 3h de montée et 2h de descente ça
devrait le faire.
Le début de l'ascension est en forêt, la chaleur est
supportable les températures ne sont pas trop élevées. Un sentier en balcon
nous amène au refuge du Porcheret puis on monte dans une pente herbeuse pour
rejoindre la crête qui mène au Mont Joly par une piste de ski. Arrivé sur la
crête le pointage de la bifurcation, Thomas qui m'a dépassé avant les
Contamines est assis sur une chaise, il me fait signe qu'il ne continue pas sur
le 107km. Il n'est pas au mieux il n'a pas beaucoup dormi ces derniers jours et
il s'endord en courant, il est plus sage de redescendre sur St Nicolas par le
parcours du 60km. Rémi fera de même ce qui sera déjà une bonne performance avec
sa blessure.
Pour ma part la question ne se pose pas, les voyants
sont au vert, j'enquille la crête rocheuse vers le Mont Joly.
Sur notre droite on devine Megève en fond de vallée
Nous passons la côte 2000, les nuages ont la bonté
d'attendre notre passage avant de manger la crête.
Au
sommet on se pose 5mn sur la table d'orientation pour admirer le paysage
partiellement dégagé. Un poil moins de 3h pour monter.
On
poursuit 1km sur cette magnifique crête avant de plonger à gauche sur La Gorge
pour 950mD- d'une descente plaisante et relativement roulante.
Courte montée depuis le petit barrage et voilà le ravito de
l'Etape.
Un
panneau nous rappelle la situation : 62km et 5440mD+. Il est 19h50 nous avons
encore environ 1h30 de jour, je décide de prendre le temps de manger et de me
changer tranquillement. Je récupère mon sac et je prend un plat de pâtes avec
du fromage. J'ai un peu de mal à manger l'estomac ne semble pas au mieux. Une
bénévole propose du café je tente le coup. Trop sucré il ne passe pas je suis
obligé de sortir en catastrophe pour une vidange.
Retour dans le ravito, il faut que j'arrive à avaler quelque
chose pour attaquer la nuit et éviter la panne sèche. Je me change et je vais
m'allonger 15mn sur un lit de camp. Après cette courte pose mon estomac peut
avaler quelques bricoles. Je fais le plein des bidons et c'est le départ pour
la partie nocturne.
On descend d'abord jusqu'à Notre-Dame de la Gorge avant d'attaquer la longue montée vers le col de la Fenêtre. La nuit tombe doucement le Mont-Blanc en profite pour se découvrir.
Une 1ère montée raide en forêt, il faut sortir la frontale
puis une traversée à flanc jusqu'à Nant Borrant nous amène sur le GR5. On le
quitte rapidement en bifurquant à droite direction le col de la Fenêtre. Il est
22h30 je progresse seul et j'ai un coup de fatigue. J'ai la sensation de ne
plus avancer et d'avoir quelques brèves absences. Je rattrape 2 coureurs
légèrement espacés comme quoi je ne suis pas le seul à ramer sur cette partie.
Je devine à peine le second il n'a pas de frontale. Arrivée à son niveau il
apprécie ma lumière. Je l'invite à me suivre on restera ensemble jusqu'au
sommet du col. Mais où est donc ce fameux col ? Dans la pénombre on distingue
vaguement le relief, à la fin de chaque montée on croit y être mais il y en a
toujours une autre à grimper. 1h45 de montée pour enfin déboucher au col.
2km de descendre pour
rejoindre le ravito de Bolchu. Je rentre dans la tente où il y a une dizaine de
coureurs. La soupe est réconfortante. J'arrive à manger un bout de banane et
quelques noix de cajou salées. Ca me rassure pour la suite. Il fait chaud dans
la tente avec tout ce monde, je décide de partir pour ne pas m’encroûter. La température a baissée, rapidement je sors la polaire et les gants. La montée au
col de la Gittaz me semble interminable je suis à nouveau dans le dur. Dans ces
moments il faut y aller cool et attendre que ça revienne. 2h de montée jusqu'au
col, j'ai un coureur 50m devant moi depuis un moment notre écart est stable. A
l'attaque de la descente je le rattrape et je reprends une peu de jus. Cette
descente est hyper technique, des rochers humides et instables, une traversée
de pierrier, la descente jusqu'au lac de la Girotte est laborieuse. On scrute
sur notre droite tentant de deviner le lac.
4h du mat, 23h de course on
distingue enfin l'immense surface noire sur notre droite, le ravito est là au
pied du barrage. La soupe réconfortante passe toujours, les courageux bénévoles
qui ont passés la nuit pour nous ravitailler sont adorables. On repart en
longeant le barrage direction le col Joly qui se détache plein Est avec le
lever du jour.
Du barrage on descend jusqu'au
pied de la station de ski du val Joly. Et c'est reparti pour une rude montée
par les pistes de ski. Le jour se lève on se rapproche doucement du Chalet du
Joly posé sur la crête où les restes d'une fête diffusent des boum-boum de
basses. On passe au large, en arrivant sur la crête on monte sur la gauche vers
le dernier ravito du Monument. Alice et Daniel nous accueillent avec le
sourire, nous savons tous qu'à partir d'ici on ira au bout.
photo organisation
Un
petit regard vers l'arrière pour voir le barrage passé quelques heures avant.
La tente du ravito du Monument
photo oragnisation
On laisse le Monument à droite et on file droit devant pour a dernière montée vers l'aiguille Croche.
photo organisation
La magnifique crête finale qui nous permet de voler jusqu'au
Mont Joly
Arrivée en 28h38 pour 104km au gps, heureux et satisfait d'avoir bouclé cette
difficile mais magnifique Montagn'hard dans de bonnes conditions.
Le move de ma course
photo L'Bagnard
Les perfusions sont prêtes à l'arrivée
Dédicace de ma photo finisher par l'ami Olivier organisateur en chef de cette superbe course. N'hésitez à venir sur la Montagn'hard vous ne le regretterez pas. Moi je reviendrai
Les débaliseurs
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