dimanche 11 mai 2008

Les Caracoles Célestes 2008

Avec un tel nom, ce trail ne pouvait être qu’exceptionnel.
Un peu d’étymologie. Comme chacun sait, la caracole est un escargot, du moins dans la province belge de Namur. Mais comme nous sommes en Belgique forcément il y a aussi une bière : La Caracole avec un bel escargot sur l’étiquette.
Mais alors pourquoi célestes, hein ?
Ceux qui pratiquent l’ultra et en particulier le trail connaissent peut être (dommage pour les autres) les Coureurs Célestes, l’un d’entre eux (Wouter Hamelinck) s’est récemment distingué dans notre capitale en remportant l’ Ecotrail de Paris.
Ce groupe de coureurs belge organise pour le weekend de Pentecôte un ultra trail de 100km ou de 100miles (160km pour ceux  qui ont oublié que le mile mesurait 1609m). Chaque année un nouveau parcours et en 2008 avec la complicité du Running Club de Namur qui organise également le Trail de Caracoles sur les 56 derniers km, ils nous proposent Les Caracoles Célestes un trail de 101km (je peux vous dire que le dernier, le 101ème km tous les finisseurs s’en rappellent) avec 2950m de D+ et oui le plat pays n’est si plat que ça. Voilà pour le nom.
Passons à l’organisation.
Chose qui n’existe pas ou plus c’est nous, il n’y a pas de frais d’inscription. Les 10€ de réservation vous seront remboursés au retrait du dossard qu’ils disaient. Et bien quand nous sommes arrivés, la 1ère chose qu’on nous a donnée est un billet de 10€, incroyable non ? Du coup on a pu se payer 2 caracoles, pas bête le céleste.

Les 1ère caracoles (photo stéphane)

un peu plus tard (photo alain)
L’école Hotellière de Namur est à notre disposition pour un accueil 5 étoiles. Les repas préparés par les bénévoles dans la majestueuse cuisine, la salle de restaurant avec nappes blanches sur les tables pour la pasta du samedi soir, le petit dej, le repas du soir. Le gymnase pour étaler nos duvets, des vestiaires avec douches chaudes, le tout posé sur une colline qui domine la petite ville de Namur avec une vue imprenable sur la verdoyante vallée de la Meuse qui nous allons arpentée demain.

Les cuisines (photo ricket)

Les cuisinières bénévoles (photo ricket)
Arrivée le samedi vers 19h avec mon ami l’électron après 3h de route depuis la capitale nous posons nos affaires et nous nous attablons avec tous les amis UFO, célestes et autres afin de goûter au breuvage local. Chaude ambiance enchaînée avec la pasta arrosée elle aussi à la Caracole. Vers 22h on rejoint le gymnase 2 étages plus bas pour une nuit plutôt calme malgré la promiscuité, nous sommes une trentaine à dormir sur place. (Rrrrr, Rrrrr,…)

Les tables des UFO à la pasta

le gymnase pour dormir (photo alain)
Un peu avant 4h du matin le gymnase se réveille, le petit dej est servi, le reste de la troupe arrive. Nous avons la possibilité de faire déposer un sac sur le parcours, pour moi ce sera au ravito2 (km51). Une paire de chaussures, un maillot, une paire de chaussettes et un short au cas où (tout restera dans le sac), 2 litres de mon mélange préféré pour la poche à eau, quelques barres et gels.
Ceux qui habitent au nord de Paris ont remarqué que la météo est estivale pour ce weekend de la Pentecôte. C’est le grand soleil mais aussi les fortes chaleurs. La température sera le paramètre important de ce trail. Avec 14°C à 5h00 du matin et 28°C à l’ombre dans la journée il faut bien sûr beaucoup boire mais aussi pouvoir s’alimenter pendant toute la course et l’expérience prouve que ce n’est pas toujours évident. Même les meilleurs ont eu des soucis pour s’alimenter. Pour ma part j’adopte le mélange St Yorre-malto qui m’a toujours réussi quand il fait chaud. La réserve laissée au ravito du km51 est plus faiblement dosée car la chaleur sera déjà présente. L’organisation a également ajouté 2 points d’eau entre chacun des 3 ravitos principaux (25, 51 et 76km). Sage précaution.

présentation du balisage

coureurs au briefing
5h00 briefing et derniers conseils dans la salle et le départ est donnée dans la nuit à 5h15. Les 180 coureurs s’élancent. Après la traversée du quartier résidentiel par les rues montantes nous plongeons dans la forêt par une grosse descente de 200m de D+ en moins de 2km. On la garde dans le coin de la tête car il faudra la remonter à l’arrivée.
La première partie du parcours est magnifique. Le jour arrive rapidement et le frontale n’aura servi que quelques dizaines de minutes mais il parait qu’une surprise au milieu du parcours nous obligera à l’utiliser à nouveau. Nous sommes sur des monotraces au terrain souple ponctuées de belles côtes. Le dénivelé est assez conséquent sur cette partie et le rythme de départ reste relativement faible.

belle monotrace en forêt
Nous atteignons le bourg de Malonne où nous longeons de belles maisons aux jardins verdoyants et très bien entretenus. Il y a souvent un chemin étroit entre les propriétés ce qui nous évite les portions de bitume.
Je suis parti avec mon ami Irwing qui était mon compagnon de route sur l’UTMB. Nous n’avions rien prévu de particulier mais nos rythmes de départ sont en phase. On se connaît donc ça permet de papoter un peu. On ne le sait pas encore mais nous irons au bout ensemble.

Irwing en rouge, nous entrons dans Malonne
Nous enchaînons dans les bois et les chemins toujours agrémentés de nombreuses côtes. Vers le km20 une superbe descente en lacets serrés dans la forêt permet de se défouler un peu. Le chemin plat qui suit est recouvert d’une couche de gros graviers qui rendent la course fastidieuse. Mais le 1er ravito au km25 arrive un peu avant 3h de course. L’arrêt est bref, 2 verres de coca et surtout du salé (Tuc et cacahouettes) en prévision de la chaleur. La suite du parcours est toujours aussi agréable. Nous traversons le village d’Arbre puis Le Burnot.
Le tiers de la course (33km) est atteint en 4h, l’altimètre m'indique 1100m de D+, le suite devrait être moins pentue et donc plus roulante.

descente en forêt

on reprend une féminine un peu avant le ravito1
En effet le parcours emprunte plus souvent des chemins agricoles à découvert et la chaleur commence à se faire sentir. Après Bioul on retrouve la forêt jusqu’à Warrant.
Pour une question d’équité l’organisation n’a pas dévoilé le parcours afin de ne pas avantager les coureurs locaux. Il faut donc suivre le balisage qui est impeccable. C’est à saluer car baliser une boucle de 101km en nature n’est pas chose aisée. Bien sur on fera 2 ou 3 petites erreurs rapidement rattrapées et sans conséquence sur notre course. Je remercie d’ailleurs la féminine qui dans une descente nous a hélé après notre tout droit alors qu’il fallait tourner à droite. Remonter quand on s’est trompé n’est jamais bon pour le moral.
La mi-parcours approche, au débouché d’un bois nous arrivons devant une grande ferme où le 2ème ravito est installé. 51km en 6h10 nous avons gardé le rythme de départ. L’arrêt sera un peu plus long, je récupère mon sac pour recharger ma poche à eau. Coté équipement tout va bien donc je ne change rien. Je remets simplement une couche de crème anti-frottement sur les pieds. Coté alimentation je reste dans le classique, coca, banane et du salé. La température extérieure est bien montée et les portions à découvert ont déjà fait des dégâts. Les 1ères défaillances arrivent, certains ne peuvent plus s’alimenter, l’estomac rejette tout. Notre ami Thierry (boucanier) arrivé quelques minutes derrière nous au ravito, nous dit être mal en point, il abandonnera malheureusement un peu plus loin.

arrivée sur le ravito2 (km51)

assis à l'ombre je crême mes pieds
20mn d’arrêt et je repars avec Irwing. Une courte traversée de champ et un bois nous conduisent sur les bords de la Meuse. Nous tombons sur une route à grande circulation qu’il faut remonter sur quelques dizaines de mètres. Nous ne voyons pas la rubalise accrochée sur une barrière de chantier au bord de la route et qui nous oriente vers un petit tunnel qui passe sous la voie ferrée et permet d’accéder aux bords de Meuse.

je discute avec un habitant du coin

celle-là ne parle pas la langue
Après 200m ne voyant plus de marques on s’arrête et on aperçoit 2 coureurs derrière nous descendre dans le tunnel, petite erreur demi-tour. Nous longeons quelques instants les berges puis nous traversons sur une écluse pour rejoindre le bourg de Houx en traversant une nouvelle route, prudence. Face à nous une énorme colline boisée que nous allons évidemment escaladée. Puis on redescend sur Yvoir où la surprise du parcours nous attend. En arrivant sur le bourg nous apercevons des coureurs sur un viaduc. C’est une voie ferrée désaffectée que l’on atteint par une échelle posée pour l’organisation. Le dernier train a du passer il y a longtemps car la végétation a envahie la voie et les traverses des rails sont sérieusement entamées. Il est difficile de courir car on ne sait pas où poser les pieds. On se dirige droit vers une colline que nous allons traverser par un tunnel. Voilà la surprise. Il faut sortir la frontale mais avec la forte luminosité extérieure on ne voit pratiquement rien en entrant dans le tunnel. Je suis en tête d’un groupe de 4 et j’ai l’honneur d’être le 1er à mettre les 2 pieds dans la flaque d’eau qui est à l’entrée du tunnel. On marche le temps que la vision s’adapte, on aperçoit au loin la sortie à un bon km. La fraîcheur du tunnel nous fait du bien et la température corporelle tombe un peu.
Nous avons passé les 2/3 (66km) de la course en 8h30, avec les 2 arrêts ravitos nous sommes toujours réguliers et tous les signaux sont pour l’instant au vert. Mais le plus dur reste à faire car en ultra c’est évidemment dans le final que tout se joue. Comme à mon habitude je ne m’étais pas mis d’objectifs irréalistes, d’abord finir et si possible en moins de 15h00 histoire d’arriver avant la nuit.
Le parcours reste plaisant même si les portions de bitume sont un peu plus fréquentes. Depuis le ravito1 les coureurs sont relativement espacés et comme nous avons gardés une allure régulière on fait le yoyo avec quelques coureurs au gré des petits arrêts de chacun. Nous sommes en début d’après-midi est la chaleur commence à être pesante. Les points d’eau intermédiaires sont les bienvenus, je prends soin de mouiller la casquette et la tête.
Coté équipement je porte un collant Skins noir ce qui peut paraître surprenant avec cette chaleur. Habituellement j’utilise les bas BV Sport. Ce collant de compression est également thermorégulateur. Bon je ne suis pas là pour vous vendre la marchandise mais vous trouverez toutes les infos sur leur site : Skins. En tout cas pour moi tout s’est bien passé avec ce collant.
Bientôt 10h00 de course, le ravito 3 de Crupet au km75 se rapproche doucement. Une descente en forêt nous amène dans le village, un panneau jaune nous indique que le ravito est en haut de la côte qu’il faudra redescendre ensuite, dur. A l’entrée du ravito les bénévoles ont installé une douche extérieure qui est salutaire. J’enlève la casquette et reste un instant la tête sous le jet. Mais attention au choc thermique, l’eau est froide et je vais rester quelques minutes assis au ravito, on peut être pris de tremblement et tomber en hypothermie malgré la température extérieure. Je passerai à nouveau par la douche en repartant.

la côte pour accéder au ravito3 (km75)

la douche à l'entrée du ravito3
Je ne change rien à mon alimentation même si entre les ravitos je suis passé des barres de céréales aux gels banane. 1 par heure me convient et mon estomac ne sature pas. Je bois à chaque occasion, en haut des côtes avant la relance ou dans les descentes. Nous faisons régulièrement des arrêts pipis c’est le signe que nous sommes bien hydratés. Coca, banane et du salé au ravito et je repars toujours en compagnie d’Irwing pour le dernier quart. C’est maintenant que l’on risque les coups de mou mais pour l’instant tout va bien.
La descente en sortie de ravito est impeccable pour retrouver le rythme et nous attaquons le retour sur Namur. Prochaine étape un point d’eau annoncé au km84. Nous reprenons les chemins à travers bois et champs. En traversant le village de Lustin nous cherchons en vain le point d’eau, pas trouvé. Ce n’est pas grave nous avons encore de l’eau il faudra attendre le km91. Après une longue traversée rectiligne en forêt nous parvenons à Dave où le point d’eau est annoncé au cimetière. Un petit groupe de bénévoles est là pour nous indiquer l'endroit exact du robinet caché derrière une haie.

point d'eau au cimetière (km91)

et ça repars droit dans la pente
A partir de là on peut commencer le décompte des km. Pour le moment nous n’avons eu aucun coup de fatigue, j’en suis même surpris. Nous commençons à reprendre régulièrement des coureurs qui sont un peu plus cuits que nous, ça crée une petite motivation quand on aperçoit un coureur devant qui se rapproche, c’est bon pour le moral dans le final.

on aperçoit la citadelle sur la colline en face
95ème, 96ème, 97ème, nous sommes sur la rive opposée de la Meuse et on aperçoit la citadelle et l’école Hotellière sur la colline d’en face. Nous descendons sur Namur, traversons la Meuse, longeons un instant les berges pour atteindre le pied de la dernière montée. Je prends un dernier gel avant d’attaquer ces 2 derniers km. Je monte d’un bon pas en encourageant les coureurs que je rattrape car maintenant c’est gagné pour tout le monde. Les 500 derniers mètres sont en faux plat montant et je peux encore courir sur un bon rythme. Irwing m’a pris quelques mètres d’avance pendant que je prenais les dernières photos du parcours. Dernière descente dans l’enceinte de l’école Hotellière, je passe l’arche d’arrivée sans oublier de m’arrêter pour que mon ami Michel (électron) immortalise cela. Mais il faut encore monter les escaliers jusqu’à la salle où est la véritable arrivée et où nous sommes accueillis par l’organisation et les bénévoles.

passage de la ligne, je casse le buste pour la photo finish
Je boucle les 101km des Caracoles Célestes en 13h35 à la 34ème place, un résultat très satisfaisant pour moi et qui est encourageante pour la fin Août (vous savez la petite coursette autour de la grande montagne). La course se gagne en 10h43 avec seulement 3 coureurs sous les 11h. 126 finisseurs viendront à bout de ce trail en 21h20 pour le dernier, chapeau.
Il fait chaud dans la salle et je descends sans traîner au gymnase pour prendre la douche. Une fois changé la bière fraîche est apprécié, on a aussi droit à un repas chaud d’après course. Pendant le repas nous accueillons les coureurs qui arrivent.
Mon ami Michel a couru le Trail des Caracoles (56km) il assurera le retour en voiture.
Si vous avez un jour l’occasion de venir courir en Célestie, n’hésitez surtout pas. Les Coureurs Célestes vous accueilleront comme ils savent si bien le faire et leurs courses sont magnifiques avec une organisation sans faille. Le tout pour 0€ d’inscription. Eh oui je vous avez dit que c’était un pays imaginaire.
Merci à tous pour ce superbe weekend
Le classement scratch : cliquez là