samedi 9 mai 2009

Challenge HERO 2009

Jack Peyrard et son organisation proposent pour ce long week-end du 8 mai pas moins de 4 courses natures. Un 12km, un semi et surtout le samedi un Ultra-trail de 100km baptiséLes Aventuriers du Bout de Drôme et annoncé à plus de 5000mD+ suivi d' un marathon (1000mD+) le dimanche.

Mon premier choix s'est porté sur le 100km mais une discussion sur le forum évoque un enchaînement 100+marathon jamais réalisé. Ce challenge me plait bien et je me prends au jeu Je m’inscris sur les 2 courses d’autant que Jack26 l’organisateur met en jeu une caisse de Clairette pour ce petit défi. UltraSteph (Stéphane Couleaud) un pote UFO fait de même, nous serons 2 UFO sur ce petit challenge.

Avec Stéphane au départ du 100km

à l'arrivée du marathon aprés 142km

profil du 100km (cliquez sur l'image)

profil du 42km (cliquez sur l'image)
Le 100km part le samedi à 4h30 avec un temps maxi de 24h et le départ du marathon est donné à 8h le dimanche. Au niveau timing c’est donc jouable sans problème avec quelques heures de repos entre les 2.
L’édition précédente s’est gagné en un peu plus de 12h. Sur ce type d’ultra trail je sais que je me situe entre 1,3 à 1,5 fois le temps du vainqueur. Je table donc sur 18h de course. Ce qui me donne une heure d’arrivée vers 22h et donc au moins 6h de sommeil avant le marathon. 6h pour faire le marathon qui à quand même 1000mD+ me ferait boucler l’enchaînement en 24h. Voilà un compte rond qui me plait bien.

pasta du vendredi soir

petit dej avant le départ du 100km
Coté logistique les choses sont bien faites. Crest est à 3h de Paris en train je ferai l’aller le vendredi et le retour avec le dernier train qui part de Crest le dimanche à 18h30. L’organisation a réquisitionné l’internat du lycée qui se trouve à 300m du départ des courses. Il était important de dormir dans un vrai lit surtout pendant la nuit intermédiaire. Je partage la chambre avec douche avec mon pote Gorkys (tony Gout) qui sera mon compagnon de route sur le 100km mais qui ne tentera pas l’enchaînement.
Ma motivation première reste le 100km que je ne ferai pas « en dedans » et je ne partirai sur le marathon que si tout se passe normalement et sans prendre de risque. Les discussions du vendredi soir laisse entendre que nous serons 7 à tenter l’enchaînement.
Nuit courte, réveil à 3h, petit dej dans le gymnase. La météo est annoncée belle, la température de départ permet un départ en T-shirt UFO (évidemment). Nous ne sommes plus que 4 ce matin à envisager les 2 courses mais nous ne connaissons pas les autres. Le départ des 120 coureurs est neutralisé sur les 2 premiers km pour traverser le village et Jack nous lâche derrière le donjon. Nous sommes tout de suite dans le vif du sujet sur un sentier escarpé qui suit la crête. 5km et on rejoint une piste roulante qui étale le peloton. Le jour se lève on peut ranger les frontales.
Les 40 premiers km sont magnifiques, les monotraces sont nombreuses. La première grosse montée (700mD+) nous emmène sur un crête avec une vue à droite sur la vallée du Rhône et à gauche sur le Vercors encore enneigé. Nous restons plusieurs km sur cette crête puis redescendons sur le magnifique village de Cobonne.

la crête avec son pylone posé sur le sommet

traversée du village de Cobonne

sur la crête aprés le pylone avec vue sur les 3 Becs au fond où nous serons dans l'après-midi
(photo: Xavier Despringre)
Suivent 25km à grimper et à descendre des collines boisées mais moins abritées. Le soleil commencent à taper et je dois baisser le rythme à 2 reprises pour éviter le coup de chaleur. Avec Tony nous avons fait le choix de partir ensemble et d’essayer de le rester mais sur ce type de course il n’est pas toujours évident de garder un rythme similaire jusqu’au bout.

colline à grimper droit devant

les vignes qui donnent la Clairette

Pour l’instant nous arrivons ensemble à Saillans en 9h30, km65 et déjà 2900mD+. C’est le ravitaillement principal avec contrôle médical rapide. Nous avons pu laissé un sac de change que l’organisation à transporter. Tout les voyants sont au vert. Je change maillot, chaussures et chaussettes. Même si cela n’est pas nécessaire c’est toujours mieux de repartir avec une paire de chaussure « reposées ». Le podologue n’a personne sur sa table j’en profite pour lui demander un petit massage des pieds avec épaisse couche de NOK.
Tous ceux qui connaissent le parcours disent que la course commence à Saillans. Nous voila donc au 2ème départ. Une longue montée (1100mD+) jusqu’au 3 Becs suivi d’une descente dans une zone protégée mettent le ravitaillement suivant à environ 4h. Le début de la montée se fait sur la route goudronnée en pleine chaleur puis on attaque sur le GR9 jusqu’au Pas de la Motte.

début de la montée sur le GR9

dans la forêt sous le Pas de la Motte
Une crête sur des dalles peu roulantes nous monte enfin au sommet en peu plus 1h30 nous sommes satisfaits de notre rythme. La descente débute sur des routes forestières puis nous plongeons dans une longue combe très caillouteuse où nous avons l’impression de ne pas avancer. Sur cette portion il y a très peu de balisage, le doute s’installe parfois mais nous ne faisons pas d’erreur. C’est toujours mieux d’être à deux dans ces cas là. Enfin le ravitaillement du km80 nous savons maintenant que nous irons au bout.

arrivée sur les 3 Becs

Saillans vu du Trou de la Laveuse
Une dernière montée sèche (350mD+) nous permet de rebasculer sur la vallée de la Drôme. Le final passe encore 2 collines, nous sommes toujours ensemble avec Tony. Ca aura grandement contribuer à notre réussite car nous n’avons pas vu beaucoup de monde depuis plusieurs heures. Quand un de nous a un coup de mou c’est l’autre qui tire et vice versa. Le tombée de la nuit nous oblige à ressortir les frontales pour le dernière heure. Les 10 derniers km sont un peu plus roulants ce qui nous permet de dérouler tranquillement. Le donjon illuminé de Crest est en vue. Nous passons l’arrivée main dans la main en 17h26 (17h11 temps officiels) en montant sur le podium du gymnase où la pasta du marathon bat son plein. 1ère partie du contrat remplie.
Pas de blessure, les pieds sont nickels, les jambes et la tête sont prêtes à repartir pour le marathon le lendemain. Repas d’après course dans le gymnase, douche et dodo vers minuit.
Dimanche : Marathon (1000mD+)

Réveil 6h, j’ai bien dormi, les jambes sont un peu dures mais tout semble répondre. Petit dej au gymnase et préparation pour la course. Je retrouve Ultrasteph qui boite un peu de la jambe gauche. Sa malléole a souffert. Nous serons finalement les 2 seuls à faire l’enchaînement. Le départ est donné du pont sur la Drôme et surprise il y a moins de monde sur le marathon que sur le 100km. Le gros de la troupe est inscrit sur le semi. Nous restons sagement en arrière du peloton, Stéphane pense que nous mettrons 6h, ça tombe bien moi aussi et d’ailleurs notre temps officiel sera : 6:00:42. C’est pas de la prévision ça, Madame Soleil.
Le marathon en lui même n’a pas été une partie de plaisir. La première heure sur le plat à 10km/h nous laisse croire à un temps légèrement meilleur mais dès que le parcours se met à monter on se traîne et en descente pas mieux. Nous sommes donc laborieux et rapidement seuls à l’arrière. De mon coté ça ne me gêne pas trop mais Steph n’est pas habitué à ces positions lui qui a fini 7e sur le 100km. Au km18 la horde du semi nous double. Les premiers passent comme des avions, les paquets suivants nous bousculent. Le parcours sur des chemins n’est pas terrible et nous n’avons visiblement pas la motivation d’hier. Nous quittons pour quelques km supplémentaires le parcours du semi, nous sommes à nouveau seuls au monde, les bénévoles nous demande s’il reste encore du monde derrière, ça motive.

marathon

marathon
Le final est un peu plus sympa sur une monotrace qui suit la crête. A 10km de l’arrivée nous récupérons une coureuse en perdition qui finira avec nous. Le donjon est enfin en vue, le parcours fait des tourniquets sur les marches. Nous repassons enfin le pont, remontons vers l’arrivée et débarquons dans le gymnase pendant la remise des prix, Jack nous fait monter sur le podium, tout le monde est debout pour nous féliciter. Cet accueil fait chaud au cœur, tous les amis nous prennent en photo. Je suis un peu déboussolé par cette effervescence subite après 6h de course. Nous méritons notre caisse de Clairette, hein Jack. Dans un premier temps nous n’aurons qu’une seule bouteille que nous partageons avec tous les amis UFO, Kikourous et autres qui sont là.

arrivée sur le podium

arrosage à la clairette
Le contrat est rempli : 100+42km (5872mD+ à l’alti) en 23h26, 45ème sur le 100km et 88ème sur le marathon. Aucune blessure, pas même une ampoule.

Une belle expérience qui me permet de caler mes prévisions pour le 24h Trail prévu en Juin.
Un 100km incontournable dans une région magnifique organisé de main de maître que tout ultra-trailer se doit de connaitre. Et pour vous faire envie une compilation de photos prises par les coureurs sur le 100km : Photos
Merci à tous les photographes (Xavhië, Mustang, Ultrasteph, Sanggi, Monsterturck, ...)
Articles de presse : Le CrestoisUltrafondus Magazine