vendredi 10 juillet 2015

reco PTL 2015

3 jours de reconnaissance (10-11-12 juillet) du parcours de la PTL 2015 avec Tony. Pour des raisons de logistique nous avons choisi de faire la partie finale du parcours sur 24h et une partie du début en fonction du temps restant.

Nous arrivons à St Gervais par le train de nuit depuis la région parisienne. Bon petit dej au bistro devant la gare puis direction Vallorcine point de départ de notre reco. L’objectif est de rejoindre le col de la Forclaz en Suisse en empruntant le parcours UTMB à l’envers et de partir ensuite sur le tracé PTL.
A 11h du matin nous sommes sur le parking de la gare de Vallorcines, on déballe nos affaires pour s’équiper.
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La météo est au beau fixe et très chaud on pourrait rester relativement léger mais nous avons choisi de partir avec le matériel complet afin de valider tout le matériel. Veste,  pantalon et gant imperméable, tente (arceaux pour Tony et toile pour moi), micro polaire, mini doudoune, crampons réglementaires, trousse de secours et 24h d’autonomie en alimentation. Tony mangeant en moyenne 14 sandwiches à l’heure je vous dis pas le poids. Coté liquide nous partons avec 2,5L environ. Nous avons trouvé de l’eau sur tout le parcours (fontaine, torrent, etc…)
12h c’est parti sous la canicule mais un ciel sans aucun nuage.
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Nos GPS sont allumés, j’ai coupé la trace complète au col de la Forclaz et j’ai ajouté devant les 10km à faire pour y parvenir. C’est l’occasion de se faire la main avant d’attaquer le parcours PTL. On remonte les pistes de ski jusqu’à Catogne, les souvenirs de notre UTMB 2007 reviennent. Derrière nous sur l’autre versant on devine le barrage d’Emosson où nous passerons demain matin.
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Avant la descente sur Trient un groupe de VTTistes nous doublent. Dans la partie technique de la descente on en repassera 2 moins téméraires que les autres. Avant d’attaquer la descente on se fait une petite pose photo face au glacier de Trient.
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Au niveau de la forêt on quitte le GR pour une descente plus directe sur Trient, petit village Suisse bucolique. Presque 2h pour un peu moins de 10km on est sur un bon rythme sur cette partie avec des sentiers faciles.
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On remonte en face les 200m+ pour atteindre le col de la Forclaz en croisant 2 fois la route. Nous sommes maintenant sur le parcours de la PTL au km236 qui arrive depuis Champex.
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Au col on trouve l’Hotel de la Forclaz, refuge partenaire de la course. A noter qu’il y a aussi un camping.
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l’hotel et le camping du col de la Forclaz
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Le tracé démarre en bordure du camping à droite de la yourte. 350m+ dans la forêt sur un sentier praticable. Au 1er croisement prendre le sentier à gauche direction La Preisa. Dans la montée un chantier de bûcherons qui sont au casse-croûte et qui nous saluent, visiblement il ne passe pas beaucoup de randonneurs dans le coin.
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A la côte 1988m un croisement de sentier marqué par des panneaux jaunes indicateurs, prendre le sentier peu marqué qui descend à gauche.
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Un panneau peu rassurant nous inquiète un instant mais nous ne verrons aucun bestiau.
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Rapidement on arrive sur le chalet privé de La Preisa où les propriétaires sont là avec leurs petits enfants. Ils nous réservent un accueil sympathique en nous proposant une bière ou autre chose. Ils nous avouent qu’ils n’y a pas plus de 30 personnes qui passent ici par an alors pour la fin Aout ce sera la grosse affluence.
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On se contentera d’un verre de coca, oui je sais ce n’est pas top mais avec la chaleur on a pas osé la bière et il nous reste un bon bout de chemin.
S’en suit une longue traversée en forêt sous le mont de l’Arpille, le chemin confirme qu’il y a très peu de passage ici.
Descente plus pentue sur le village de La Créta, plus de doute nous sommes bien dans le Valais Suisse.
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Dans cette partie en moyenne montagne nous avons trouvé des fontaines à chaque hameau.
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La descente se poursuit jusqu’au torrent Le Trient qui est le point bas de la PTL 750m d’altitude. A partir de ce point 2000m D+ à faire jusqu'au sommet du Luisin.
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Sur la berge on se pose la question de passer sur l’autre rive. C’est la PTL d’accord mais il ne faut quand même pas traverser à gué, la trace GPS le laisse croire. Finalement en s’approchant au bord de l’eau on aperçoit une passerelle 50m en amont, ouf ! Il faudra s’en souvenir si on arrive ici de nuit.
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Rude remontée sur le versant d’en face, la chaleur est torride à cette altitude et Tony a un petit coup de mou, pose de 10mn à l’ombre.
On atteint  le village Le Trétien puis la station de ski Les Marecottes en ayant franchit la ligne de chemin de fer qui relie Vallorcines à Martigny.
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Dans la station on trouve un bar restaurant ouvert, on en profite pour boire un coca frais car on sait que c’est le dernier point de civilisation avant demain matin. Pour l’anecdote on a payé le litre de coca 8,50€, tarif touriste ;-) Dans cette partie relativement habitée nous avons suivi la trace au GPS sans problème. On poursuit la montée dans la forêt en faisant un grand zigzag sous le télécabine. 1800m on atteint La Creusaz village haut de la station de ski. Il y a un bistrot mais fermé il est 20h. A partir de ce point on attaque la haute montagne il faut donc y arriver avec tous les pleins faits. Une cabane de secours est posé au départ du sentier qui monte au Luisin.
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Le massif du Luisin est impressionnant, vu d’en bas on se demande par où on va passer pour atteindre le sommet.
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Nous espérions atteindre le sommet avant la nuit visiblement ce ne sera pas possible il est 21h on peut espérer une bonne heure encore de jour mais ce ne sera pas suffisant.
Un point positif la montée est balisé blanc et bleue ce sera utile même pendant la nuit.

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Le tracé monte raide sur un croupe rocailleuse au milieu des pare-avalanches. Un conseil pour ceux qui utilisent les bâtons, dès le départ de la montée vous pouvez ranger les batons sur le sac car vous aurez besoin de vos 2 mains jusqu’au sommet, c’est même un handicap de les garder à la main.
Un regard en arrière pour admirer le massif du Grand Combin.
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Ensuite on alterne des passages en rocher équipés avec des chaînes pour sécuriser la progression.
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Dans une pente herbeuse vers 21h30 on stoppe pour passer en version nuit. J’enfile la polaire la température à baisser et on sort les frontales. On mange un morceau pour prendre des forces avant le final en admirant le coucher de soleil sur le massif du Mont-Blanc. Magnifique panorama sur l’Aiguille du midi, le Tacul, le Maudit, le Mont-Blanc, l’arrête des Bosses, le dôme du Gouter et l’aiguille de Bionassay.
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La nuit tombe et le final est de plus en plus technique avec du gaz par endroit. Il faut rester très vigilant. Avant le sommet on trouve aussi des échelles qui sont relativement facile à passer. La photo de nuit n’est pas terrible.
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Sous la dernière crête nous sommes surpris par des chamois que l’on distingue furtivement à la frontière entre le rocher et le ciel. Ils sont beaucoup plus à l’aise que nous ;-) Au sommet il y a une antenne et quelques mètres au-dessus une croix qui marque le sommet. Finalement c’est presque mieux d’y être de nuit car on ne voit le vide. Tentative de selfie au sommet mais c’est raté. Je n’ai pas voulu lâche les 2 mains pour prendre la photo.

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Les 10 premiers mètres de la descente avec 2 passages chaînés sont encore plus compliqué à la descente. On entend encore nos amis à 4 pattes courir autour de nous. Le parcours part ensuite sur le crête opposée beaucoup praticable, on souffle un peu, on est pas mécontent d’en avoir terminé.
Il fait nuit noire, il n’y a pas vraiment de sentier marqué. En suivant la crête on reste sur la trace jusqu’au col d’Emaney. Au col on se laisse embarquer sur le sentier qui remonte en face. Un coup d’oeil sur le GPS nous ramène dans le droit chemin qui descend dans le vallon d’Emanay. La descente jusqu’à l’alpage est sans problème en suivant le chemin on se repose un peu la tête. On tombe sur un troupeau de vaches couchées sur le sentier, on passe prudemment et je fais même un bon détour face aux 2 taureaux qui nous regardent arriver.
A l’alpage d’Emanay (1856m) le parcours bifurque à droite pour monter vers le col Fenestral. Il est 1h du matin. On va connaître ici une séance de jardinage mémorable, les orienteurs que nous sommes parfois n’en sont pas très fiers.

Explication en image : la trace bleue est la trace GPS à suivre, la trace rouge est notre parcours et la ligne marron pointillée le sentier. Après avoir contournée les bâtiments de l’alpage nous partons à droite, dans le creux du vallon on trouve le torrent. La trace bleue part encore à droite le long du torrent alors que le sentier file droit. Nous suivons la trace qui traverse le torrent en amont, impossible de traverser à cet endroit on pousse un peu plus haut. On traverse et on tente de revenir sur la trace. Ce qui est curieux c’est que la zone est cloturée sur l’autre rive. On se retrouve dans une zone pentue avec des herbes au-dessus des épaules (je suis petit). On tente de grimper mais c’est impossible on bute sur un fourré infranchissable et pourtant nous sommes pile poil sur la trace. Après plusieurs tentatives on décide finalement de redescendre vers l’Est récupérer le sentier évident. On y a passer près d’1 heure les boules, il suffisait de rester sur le sentier

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Avec la montée du Luisin et ce jardinage notre timing en a pris un coup. Rien de grave mais on va faire notre pose nocturne dans la montée au col plutôt que vers Fenestral comme prévu au départ. Trouver un coin à peu près plat pour poser la tente n’est pas évident. Vers 2000m 10m sous le sentier on trouve une zone plate avec une bonne épaisseur de végétation, banco on sort la tente. En 3mn elle est montée, on s’installe à l’intérieur pour 1h10 de sommeil. L’horloge du GPS me réveille, il faut repartir, le démarrage est un peu laborieux mais cet arrêt de 2h en tout nous a fait du bien. La suite de la montée se fait dans de bonnes conditions en restant sur le sentier malgré les écarts de la trace. Le col de Fenestral à 2450m est passé de nuit, on devine les premières lueurs du jour à l’Est. Descente sans problème dans le vallon jusqu'à l’alpage Fenestral à 1800m. Le jour est levé.

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Quelques nuages s’accrochent sur le massif du Mont-Blanc au loin. Longue traversée en balcon jusqu'au barrage d’Emosson. Il est 7h du matin, le restaurant sur le parking n’est pas encore ouvert, dommage on aurait bien pris un petit déjeuner.
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On cherche comment descendre jusqu'au barrage. Tentative par un escalier depuis le parking qui indique “pied du barrage” mais qui finit sur une porte fermée. Il faut en fait rester sur la route qui emmène sur le barrage. Malgré un panneau d’interdiction de passage on traverse sur le barrage, il n’y a pas d’autres solutions.
A l’extrémité du barrage nouvelle erreur d’itinéraire. La trace suit la route sur 1km puis prend à gauche le sentier évident qui monte dans la combe. Mais arrivé au départ du sentier impossible de passer la route est entièrement grillagée pour empêcher tout passage. On pousse un peu plus loin, toujours pas de passage. On ne comprend pas. Soudain un brin de lucidité nous revient, la passerelle ! Nous avons bien vu cette passerelle accrochée à la falaise et qui suit la route jusqu'au sentier, mais c’est bien sûr. L’escalier échafaudage qui passe au-dessus de la route pour accéder à la passerelle n’est pas là pour rien. D'autant qu’il reste des marques au sol “80km”. Le 80km du Mont-Blanc a du passer là. La passerelle surplombe la route, la trace se retrouve donc sur la route alors qu’il ne faut pas l’emprunter, le piège.

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Nous remontons enfin la gorge de la Veudale. Notre timing en a pris un coup on décide de zapper le détour à la cabane du Vieux Emosson, on continue tout droit. Avant le col il faut traverser un névé résiduel. Il reste 3 névés dans la montée à Cheval Blanc qui passent tous sans les crampons.
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Au pied de Cheval Blanc nous devons prendre une décision. Nous avons un impératif horaire pour récupérer notre voiture à la gare de Vallorcines. Si nous continuons sur le parcours PTL à l’allure de notre progression nous y serons qu'en fin de journée.
Après avoir longuement regarder Cheval Blanc et la crête qui monte au Buet on décide de bifurquer à gauche vers le col de la Terrasse et descendre directement sur Vallorcines.
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Le Buet à gauche et la ligne de crête qui arrive de Cheval Blanc  
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Nous descendons sur Vallorcines en milieu d’après midi sous une chaleur torride. Nous avons fait environ 60km avec 5400m+ en 25h.



Dimanche 12 juillet :

Après une nuit au camping nous démarrons dimanche matin à 8h pour reconnaître le début du parcours de la PTL. Dans notre esprit ce devrait être une formalité par rapport au parcours de la veille mais nous allons encore avoir quelques surprises et imprévus.

Pour ne pas se mettre dans le rouge d’entrée nous oublions le KV du départ pour récupérer la trace au niveau de la gare des Bossons. 500m le long de l’Arve puis on traverse sur une passerelle.
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On passe sous la route principale puis on la longe sur 1km de goudron environ, c’est aussi ça la PTL.
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A Taconnaz on remonte le long du torrent, on reste en bordure pour franchir le barrage avalanche et on attaque le sentier qui monte dans la forêt. La trace s’oriente au Sud-Est pour franchir la montagne de Taconnaz. Une fois encore la trace ne semble pas suivre le sentier.
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Pas échauder par notre mauvaise expérience de la veille on tente de suivre la trace qui semble progresser 10 à 20m en contre bas du sentier. On avance 10m mais impossible de passer nous sommes sur un terrain très pentu la végétation est très dense (du vert foncé pour les orienteurs) et il n’y a aucun sentier. Nouvelle tentative un peu plus haut, le terrain n’est pas mieux mais il semble qu’il y ait une trace de passage récent, c’est peut être une équipe de reconnaissance qui est passé là, on poursuit. Le terrain devient compliqué voire dangereux on se retrouve sur un passage rocheux très pentu qui n’autorise pas la glissade. On n’insiste pas on remonte droit dans la pente pour récupérer avec difficulté le sentier. Le mot d’ordre est donc de rester sur le sentier.
On rejoint le torrent de Bourgeat sous le glacier du même nom qui semble avoir disparu. On entend des gens parlés devant nous, peut être une équipe qui fait aussi une reco.
Petit couloir avec une végétation abondante à traverser le traceur semble avoir hésiter après plusieurs tentatives au vu de la trace. Nous galèrons de la même façon pour trouver le passage. Il fallait en fait monter les 2 lacets du sentier peu visible pour trouver la sortie.
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La trace nous emmène en bordure de la moraine, il faut franchir le torrent. A cette époque il y a encore beaucoup d’eau et la hauteur de la moraine fait un bon 15m. Une moraine est un éboulis de terre est de roches très instable. Grosse hésitation pour trouver un passage, la glissade peut être dangereuse. La remontée en face est du même acabit. On arrive à passer sans trop de dégats en ayant perdu beaucoup de temps.
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Descente par un sentier forestier jusqu’à la côte 1300 au-dessus des Houches. Le sentier est bon sauf qu’il y a un chantier de coupe de bois sur toute la descente. Des troncs énormes barrent le sentier et des câbles de bucherons sont à hauteur d’homme. Certains passages entre les troncs sont peu rassurants. J’espère que le chantier sera terminé pour la course.

On passe le torrent de Griaz sans trop de probléme et on attaque la montée vers le mont Lachat sur  un sentier enfin praticable. Il fait chaud mais on adopte un rythme élevé pour faire ces 600m+ content de pouvoir avancer à bonne allure. On passe la maison forestière, on continue sur une croupe herbeuse très fleurie.
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Nous arrivons au point haut sous le Mont Lachat à 1977m. Belle vue sur la vallée de Chamonix.
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Belle traversée en balcon légèrement en descente jusqu’à Bellevue, on peut trottiner sans forcer.
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A Bellevue on retrouve les 5 PTListes en reconnaissance qui nous précédaient sur ce tronçon. Ils ont connus les mêmes problèmes que nous en voulant suivre la trace au plus près. Ils continuent jusqu'au col de la Cicle puis la Pierra Menta le lendemain. Pour nous c’est terminé, nous descendons aux Houches par les pistes de ski et nous rejoignons la gare des Bossons par le sentier le long de l’Arve.

Reco terminée nous avons fait environ 85km et 7000m+ en 32h. Cette reco a été riche d’enseignement sur ce qui nous attends fin Aout. Nous avons validé le matériel, nous avons pris conscience de la difficulté du tracé par endroit. Nous avons aussi compris qu'il faudra composer avec la carte, la trace GPS et la réalité du terrain pour progresser.
Nous avons hâte d’y être.

1 commentaire:

  1. excellent !!! merci pour ce super récit on a hâte d'y être

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