jeudi 14 avril 2016

Annapurna Mandala Trail 2016


Quand le 1er avril à 18h je rejoins le point de rendez-vous à l’aéroport de Roissy-CDG une petite pression supplémentaire s’installe. Parmi tous les coureurs présents je suis le seul à n’avoir jamais mis les pieds au Népal. Tout le monde se connaît et semble avoir de l’expérience dans ce type d’aventure. Mais l’accueil est sympathique et nous faisons vite connaissance.

Pour moi ce sera bien une Aventure car ça ne ressemble en rien à ce que j’ai déjà fait. Le lieu, le format, la distance, l’altitude, … tout est nouveau. 

387km, +18000m, -17000m en 11 étapes avec plusieurs passages au-dessus de 5000m. Cette 16ème édition de l’Annapurna Mandala Trail est exceptionnelle aux dires de Bruno Poirier grand organisateur de l’épreuve : “ Depuis la création de l’épreuve en 2000, c’est l’édition la plus longue mais aussi la plus riche culturellement (Tsum Valley) et géographiquement (Tilicho Lake),...” 

Avant d’enregistrer nos bagages nous nous répartissons le matériel à emporter, notamment pour les coureurs népalais et les dotations en vêtements et matériels scolaires que nous distribuerons dans la Tsum Valley. 

Enregistrement, passage en douane et décollage à 22h à l’heure prévue.


Escale de 3h à New Delhi, nous atterrissons à Kathmandu à 15h00 heure locale dans la moiteur tropicale.





1h plus tard nous sommes à l’hotel Manaslu, tout s’est enchaîné comme prévu.





Le reste du groupe arrive dans le soirée. 1er briefing avec la distribution des cartes et des dotations coureurs Raidlight, Annecy Comestic, Monnet et Tixel.



En soirée nous allons manger un bout dans le quartier animé de Thamel. 


Avec Christophe futur vainqueur

Avec les coureurs Népalais : Manikala Nirkala Bhim et Upendra 
Dimanche 3 Avril lever 7h, petit dej puis préparation des sacs de course. Sur l’AMT les coureurs portent tout leurs matériels pour les 11 jours de course. Nous laissons nos sacs de voyage à l’hotel à Kathmandu puis nous partons en bus pour 5h de route. Autant dire qu’il ne faut rien oublier car le contrôle matériel se fera à Gorkha ville départ de l’AMT 2016. Avec le matériel obligatoire, sécurité (crampons,corde,mousqueton), pharmacie, nourriture pour la journée (petit dej et repas du soir sont assurés par l’organisation) nos sacs sont assez lourds, 9,520kg pour le mien pas facile pour courir mais je suis dans la moyenne.


5h de bus sur des routes chaotiques avec un trafic de dingue parfois effrayant. Arrivée à Gorkha à 15h, petite ville accrochée à la montagne à 1000m d’altitude qui a été l’épicentre du séisme qui a touché le Népal en Avril 2015. C’est une des raisons du choix de départ de la course. 







Pour se dégourdir les jambes nous montons au monastère (+300m) qui dominent la ville il a souffert du tremblement de terre.


Corvée d'eau à la fontaine
Retour à l’hotel pour le contrôle du matériel suivi du médical. Au dîner les infos sur le parcours de la 1ère étape nous donnent quelques précisions sur les différents croisements de pistes que nous risquons de trouver. Moi qui suit novice sur cette course les indications du parcours me semblent sommaires d’autant qu’il n’y a pas de balisage et les cartes sont au 1/125000e, je sens qu’on va bien s’amuser demain.

Coucher à 22h dernière nuit avant de quitter la civilisation et Big Brother pour 12 jours.



1ère étape : Gorkha (1060m) - Arughat (608m) : 34km +540m -1000m

Lundi 4 avril nous sommes 29 sur la ligne de départ. Cette 1ère étape sera surprenante. Je me suis demandé plusieurs fois si je ne m’étais trompé d’épreuve. 34km à osciller autour de 1000m d’altitude sur des pistes terreuses et même sableuses avec parfois 10cm de poussière fine qui vole à chaque pas et un bon 35°C pour agrémenter le tout.




Le départ est en montée et ça part vite devant, je reste prudemment derrière. Après quelques km on se retrouve à 5 à trottiner sur le plat et en descente et à marcher dès que ça monte, le rythme me convient.






Sur la 2e partie je m’accroche à Virginie nous finirons ensemble. Les traversées de village sont l’occasion de s’imprégner de la vie locale, nous faisons un arrêt pour boire un coca à 10km de l’arrivée. Les habitants sont accueillants ils nous indiquent la direction à prendre quand nous hésitons. Nous croisons quelques vieux bus qui soulèvent une poussière importante sur la piste défoncée.




le futur repas du soir qui passe

Dans le village d’Arughat nous avons un peu de difficulté à trouver le petit hôtel qui matérialise l’arrivée de l’étape. Nous récupérons NirkaLa une des coureuses népalaises qui s’est perdu dans le village. Les enfants sont contents d'avoir un peu d'animation.




Nous arrivons en 5h09 déjà bien cramés par la chaleur. Marc arrive 1h plus tard complètement déshydraté il n’a pas supporté la chaleur il est à 2 doigts du malaise. Après examen le médecin décide de le stopper. Il sera rapatrié en hélico le lendemain à Kathmandu pour examen. S’il le peut il nous rejoindra en bus plus loin sur le parcours. Ça commence fort.





Il y a 3 médecins et un infirmier parmi les coureurs et le matériel médical nous suit par les porteurs du staff de Base Camp Trek.


Le repas du soir est pris en terrasse, le chef nous a préparé des pates à la tomate.


2ème étape : Arughat (608m) - Dobhan (1070m) : 35km 1350m+ 830m-

2ème journée torride. Le départ se fait en 2 groupes, les moins rapide de la 1ère étape partent devant à 6h30 et les autres partent à 7h ça permet de se voir sur le parcours.
balayage de la piste avant le départ
C’est sympa comme idée sauf que je suis le dernier temps du groupe de 7h et que je me retrouve tout de suite en queue de peloton. Je m‘accroche comme je peux à Virginie pour ne pas rester à l’arrière trop longtemps. Finalement nous reprenons assez vite les derniers du groupe précédent et je relâche un peu.

Le parcours oscille entre 500 et 1000m d’altitude nous sommes maintenant sur des sentiers qui passent d’une rive à l’autre de la vallée par un pont suspendu pas toujours très rassurant. 

Nous croisons les 1er convois de mules qui sont le moyen de transport principal en montagne.






Les habitués du Népal m’ont bien rappelé que les mules sont toujours prioritaires et qu’il faut toujours les croiser coté montagne jamais coté ravin.
Soudain un attroupement nous bloque sur le sentier il y a quelques coureurs, des mules et des muletiers qui s’affèrent autour de Thierry un des coureurs de l’AMT. Il s’est fait pousser dans le ravin en croisant une mule du mauvais coté, une chute d’une dizaine de mètres. Par chance il est tombé sur son sac à dos, il n’a rien de cassé mais il a une grosse entaille sur le tibia et quelques équimoses aux jambes et aux bras. Marise une des médecins arrive, elle lui pose 3 points de suture provisoires. Plus de peur que de mal, son sac est allégé Thierry peut repartir pour finir l’étape.





8h pour cette étape je suis bien cassé et un peu inquiet pour la suite j’espère qu’avec l’altitude la chaleur va un peu tomber. On profite du torrent pour se laver, l'eau est fraîche mais c'est plus sympa qu'un seau d'eau au refuge.
L'eau est froide !


Fabien en profite pour se faire frotter le dos
C'est au village de Dobhan que nous devons distribuer le matériel scolaire et les vêtements que nous avons apporté pour les enfants. 
Dobhan
Cela va durer jusqu'à la nuit dans une sorte d'excitation maîtrisée, orchestrée par l'institutrice du village. Les enfants sont sortis de tous les cotés on ne pensait qu'il y en avait autant dans ce petit village.


Distribution des fournitures scolaires à l'institutrice
Distribution des vêtements

3ème étape : Dobhan (1070m) - Lokpa (2240m) - Chumling (2386m) : 35km 2035m+ 805m-

Pour cette 3ème étape nous allons prendre un peu d’altitude. Je demande à partir dans le 1er groupe pour être plus tranquille. Je décide aussi de faire cette étape en dedans pour récupérer des 2 étapes torrides et me préserver pour la suite quand les choses sérieuses commenceront. Je pars avec Jean-François on fera toute l’étape ensemble.
Fabien, Bruno, Jean-François et Damien au petit dej 


Nirkala au petit dej


Manif ovine pour le départ
Au moment du départ le passage d’un troupeau de brebis bloque complètement le petit village il nous faut attendre quelques minutes pour pouvoir partir. Nous remontons une vallée encaissée ce qui permet d’être plus souvent à l’ombre.





Certains sentiers ont subi des glissement de terrain il nous faut passer par le lit de la rivière. Nous entrons dans la vallée du Manaslu (8163m). Pour pouvoir circuler dans les vallées au Népal le gouvernement à mis en place des permis de trek payants. L’organisation s’est chargée de l’obtention de ces permis. 





Nous avons définitivement quitté la piste pour les sentiers, tout est désormais transportés à dos de mules ou d’hommes.






Un peu avant Lopka nous bifurquons à droite dans la Tsum Valley (vallée des Lumières).



C’est une 1ère pour l’AMT car cette vallée est ouverte au tourisme depuis peu. Sur la fin de l’étape nous apercevons les 1er sommets enneigés à plus de 6000m.





La dernière montée est bien raide nous avons mis 8h40 pour faire ces 33km avec 2300m+. Je suis content car j’ai retrouvé la forme et je me sens mieux. La journée a été longue pour les 4 derniers qui arrivent de nuit et qui ont pris une grosse averse. Jean-François a souffert dans la dernière montée je l’ai un peu lâché, il est malade il a du mal s’alimenter.


repas du soir
En arrivant au refuge il tente de manger un Dal Bat (riz au légumes plat traditionnel népalais) mais tout ressort aussitôt, c’est le chien qui s’est régalé. Le refuge est tenu par 3 jeunes frères au look branché pour la région, Christophe les a surnommé les 2be3.


Polnareff et les 2be3




Etape 4 : Chumling (2386m) - Gumba Lungdang (3200m) - Chhokang Paro (3031m) : 27 km 1845m+ 1130m-



Cette étape va être particulière à plus d’un titre. Ce devait être la 1ère étape d’acclimatation à la haute altitude ce sera surtout une étape jardinage. Un beau soleil nous accueille pour le départ.



Nous commençons par une montée au monastère de Gumba Lungdang à 3200m dans la vallée du Ganesh Himal, un gros KV (1200m+) sur 12km bien raide sur la fin qui va en scotcher quelques uns. On commence par une petite heure tranquille sur un sentier classique puis on passe de l’autre coté de la vallée par un pont suspendu pour prendre à droite un sentier peu marqué.



Au village il faut partir à gauche sur le sentier qui monte dans la forêt. L’arrière du groupe rate le croisement et continue tout droit, il feront un aller/retour de plusieurs km avant de s’en rendre compte. Je suis avec Jean-Marc et Andréas sur le début de la montée nous montons sur un bon rythme. Jean-Marc s'échappe et j'en fais autant quelques minutes plus tard. J'arrive au monastère après une belle montée qui me rassure sur ma forme. Le monastère a été complètement détruit par le séisme, les moines prient dans une grande tente. Sous un abri en tôle 2 femmes nous proposent une soupe de nouilles et un thé que nous apprécions tous.





Le chrono est arrêté ici pour cette étape. Nous devons poursuivre jusqu’au camp de base du Ganesh Himal à 4000m pour une marche d’acclimatation puis redescendre.
Ganesh Himal (7422m)





ce qu'il reste du monastère
Mais après 500m le sentier a disparu suite à un éboulement, impossible d’aller plus loin retour au monastère. Il est alors décidé de redescendre jusqu’au pont puis remonter vers le village d’arrivée à 3000m.



La descente se fait tranquillement par petits groupes, nous sommes 5 avec Christophe, Damien, François et Virginie.

Dans la descente nous croisons un groupe de moines en train de boire du thé au bord du chemin puis en peu plus loin ceux qui se sont trompés, ils sont fatigués notamment Jean-François.

L’organisation leur demande de redescendre sans monter au monastère car il y a encore un bon 800m+ pour rejoindre le village d’arrivée depuis le pont. Nous sommes un peu inquiet pour Jean-François qui ne semble plus très lucide. Finalement un des porteurs de Base Camp descendra avec lui jusqu’au 1er village où il passera la nuit. Il nous attendra 2 jours au repos nous devons repasser ici pour sortir de la vallée.



Nous arrivons au pont en bas de la descente, un doute s’installe sur le sentier à prendre pour monter à Chhokang Paro. Nous sortons la carte et la boussole et d’un commun accord nous décidons de traverser le pont et partir à droite. Le sentier semble peu marqué et en mauvais état, on vérifie à nouveau sur la carte et on continue. Au bout de quelques km on se retrouve coincé dans le lit du torrent. Un berger est là, il récupère ses vaches qui sont passées de l’autre coté du torrent. Nous tentons de lui demander la direction de Chhokang Paro mais nous avons du mal à nous comprendre. Il nous fait signe de le suivre derrière ces vaches. On se retrouve à escalader un immense talus dans des fourrés d’épineux au milieu de rien. Si les vaches passent nous devrions passer. Après une bonne heure de progression on récupère un sentier puis on arrive devant une grotte qui semble être l’habitation du berger. Il a une femme et 2 enfants en bas age. Le berger sort une bâche et nous fait signe que nous pouvons dormir là. Nous sommes un peu interloqués et nous tentons de lui expliquer que nous souhaitons rejoindre Chhokang Paro. Nous arrivons finalement à nous faire comprendre il nous propose de nous ramener au pont pour retrouver le bon chemin. Voilà comment nous avons fait une boucle de 10km en 1h30. Nous ne sommes pas très fiers de notre exploit mais ça fait partie des joies de l’aventure, à notre décharge faire de l’orientation avec une carte au 1/125000e c’est un peu comme faire une CO avec une carte Michelin. Bref nous voilà à nouveau sur ce pont que nous avons déjà traversé 2 fois aujourd’hui.



Nous partons cette fois sur le bon sentier pour 800m+ jusqu’au village d’arrivée. Malgré ces péripéties nous ne serons pas les derniers arrivés. 




Etape 5 : Chhokang Paro - Mu Gompa (3800m) - Chumling (42km 1300m+ 2100m-)



Entrée dans la vallée de la Lumière. Le programme prévoit un aller/retour au monastère de Mu Gompa à 3800m. On laisse quelques affaires au refuge pour alléger le sac. On rechargera le tout au retour.
départ avec la polaire ce matin







Après 1h de montée on débouche sur un immense plateau cultivé à 3000m. On traverse les champs par des chemins bordés de murs en pierre.







Une énorme stupa bouddhiste trône au milieu, arrêt contemplation et photo.





Quelques troupeaux de yak paissent tranquillement mais ne se laissent pas approcher.

Au bout du plateau on aperçoit le monastère perché sur un flanc de la montagne.

Il a neigé dans la nuit à partir de 3500m mais la neige a fondu rapidement avec le soleil. Le sentier monte régulièrement puis la pente s’accentue, le final devient raide. Je suis avec Fabien, Damien et Philippe et après 3h de montée on arrive au monastère à 3800m, il fait beau la vue est splendide.







Les moines ont transformés une partie du monastère pour accueillir les rares trekkeurs qui montent. On peut y dormir et s’y restaurer. Le moine cuisinier nous propose une soupe de nouilles qui est bienvenue.




Il est prévu un “stop and go” pour s’acclimater à l’altitude, le chrono est arrêté tant qu’on reste au monastère. Nous attendons 1h avant de repartir. La longue descente de 26km se fait en trottinant sur un bon rythme.

Courte pause à Chhokang Paro pour récupérer le matériel puis on continue jusqu’à Chumling où nous étions il y a 2 jours. Grosse journée de 9h pour moi, les organismes ont souffert. Thibaut le plus jeune coureur, a un problème de genou la descente lui pose des soucis mais c’est un costaud il s’accroche. Sans sa blessure je suis sur qu'il peut aller taquiner les meilleurs devant. Nous retrouvons Jean-François qui semble avoir un peu récupérer après 2 jours de pause. 


Etape 6 : Chumling - Prok (33km 1500m+ 1500m-)

Etape de transition on quitte la Tsum Valley pour rejoindre celle du Manaslu. Il faut redescendre jusqu’à Lopka à 1700m. La journée est ensoleillée et la chaleur revient avec la perte d’altitude. La descente est assez longue comme souvent les sentiers népalais montent et descendent sans arrêt. Jean-marc le directeur de course n’est pas au mieux ce matin. Il nous quittera sur cette étape lui aussi victime de la gastro.



A la jonction des vallées on prend à droite direction le Manaslu. L’itinéraire est plus fréquenté sur la 1er partie il faut dépasser une quinzaine de convois de mules et c’est parfois compliqué. Les mules sont toujours prioritaires, les sentiers sont étroits et ça crée parfois des bouchons.



Je fais une bonne partie de la montée seul je n’ai pas pu suivre le rythme de Damien et Fabien. 1h avant l’arrivée je tombe sur le hameau de GAP avec sa Guest House. J’en profite pour faire une pose et boire un coca je ne pouvais pas manquer ça.

J’arrive à Prok vers 14h30 où le seul bâtiment est notre refuge pour la nuit.

7h30 pour cette étape pour l’instant tout va bien, pas de blessure et pas de problème d’estomac. On profite du torrent pour aller se laver et faire un peu de lessive, l’eau est fraiche mais ça fait du bien. Sur le parcours nous avons rarement trouver une douche, plus souvent un robinet d’eau avec une bassine. 

Etape 7 : Prok - Samdo(3975m) (33km 2100m+ 400m-)

Belle journée en perspective avec une montée en altitude jusqu’à Samdo(3975m) au pied du Manaslu (8163m). C’est au tour de Philippe de nous quitter au départ de cette étape il ne sent pas assez en forme pour la suite. Dans cette région les populations sont bouddhistes et cela se voit dans les villages et sur les sentiers.





Les “portes” des villages sont richement décorés et de nombreux murs à prières sont présents sur le parcours. Il faut toujours les contourner par la gauche.




Le massif du Manaslu se rapproche.


Sur le versant opposé une énorme avalanche s’est déclenchée, son nuage blanc est impressionnant.


Avec l’altitude les vaches ont le poil plus long. Il vaut mieux rester à distance.


Les villages sont magnifiques et la population toujours sympathique, Namrung, Sho, Lho et Samagaon posé sur un grand plateau qui est le point de départ vers le camp de base du Manaslu.







J’ai fait la montée en 7h toujours avec Fabien, Damien et Virginie. Damien s’est fait une entorse le 4e jour mais il tient le coup.


2 groupes de trekkeurs sont là, l’itinéraire permet de passer un col au-dessus de 5000m pour redescendre sur la vallée de l’Annapurna. Les derniers arrivent tard dans l’aprés-midi dont Emmanuel qui nous a un peu inquiété car il est habituellement devant. Il s’est arrêté en route et il n’est pas au mieux. Il nous abandonnera ici le lendemain matin. 

Etape 8 : Samdo(3975m) - Larke Pass(5160m) - Dharapani(1860m) : (47km 1600m+ 3600m-)

Enorme étape aujourd’hui avec le Larke Pass à 5160m et une progression dans la neige suivi d’une interminable descente technique (3700m-). Le reveil est prévu à 3h, le refuge ne peut pas nous préparer un petit dej pour cet horaire. Après négociation nous pourrons avoir un pooridge avant de partir. Rien que le nom me donne la nausée. Ce sera l’épreuve la plus dure de la journée, avaler la moitié du bol de ce truc infâme inventé par les anglais, beurk ! Mais nous n’avons pas le choix le prochain village est dans la descente après le col à 7 ou 8h du départ.
Le départ dans la nuit par petits groupes est folklorique. Ca part un peu dans tout les sens. Je me suis calé encore une fois derrière Virginie qui semble être sur le bon sentier. Jean-François qui a retrouvé des forces s’est accroché à nous.


La montée est raide pendant 2h mais le jour pointe vite et à 5h30 on peut éteindre les frontales. Vers 4900m la pente est moins forte mais nous devons cheminer dans la neige dans un dédale de petites bosses, heureusement qu’il y a des traces.




Il nous faudra encore une bonne heure au-dessus de 5000m pour atteindre le col, la marche est lente mais régulière, pas de problème particulier lié à l’altitude. Nous rattrapons un groupe de trekkeurs japonais ou coréens avec leurs porteurs surchargés. Petits encouragements au passage c’est sympa. On aperçoit enfin les drapeaux à prières installés au col. J’arrive le 1er du groupe suivi de Virginie et Jean-François. Quelques porteurs du trek sont là.


Voilà c'est fait j'ai passé la barre des 5000m, je suis au sommet du Larke Pass à 5160m, c'était une des motivations de ma venue sur l'AMT. Je fais désormais partie des Chevaliers du Vent.


Séance photo, je mange une barre de céréale et il faut continuer. Le début de la descente s’effectue dans la neige en suivant des poteaux que l’on cherche parfois. Dans un couloir raide et enneigé on hésite à mettre les crampons, la glissade peut être dangereuse, je passe finalement sans les crampons en prenant 2 belles gamelles. Petit à petit la neige disparaît c’est alors une longue descente sur un sentier technique avec de grosses pierres.


J’ai lâché mes compagnons et j’arrive seul à Bimtang à 11h45. Je me jette sur le 1er refuge pour manger une soupe de nouilles qui me ravive. Il y a un groupe de français qui monte en sens inverse c’est l’occasion de discuter un peu. 15mn après je repars en trottinant. Je traverse une rivière et je récupère la forêt composée par moment de rhododendrons géants.


L’altitude baisse lentement. Je traverse plusieurs hameaux et j’aperçois enfin le bout de la vallée et le village d’arrivée Dharapani. 3 ponts successifs à traverser et une série de marche bien raide je passe l’arrivée de l’étape après 12h20 de progression. La journée a été énorme mais je suis content car je suis bien passé. Les derniers arriveront de nuit vers 20h bien fatigués. 

Etape 9 : Dharapani(1860m) - Manang(3540m) : (48km 2300m+)

Longue remontée sur un des grands itinéraires de trek, le tour des Annapurnas. On craignait un peu le trafic sur cette piste défoncée où seuls les 4x4 montent mais on en croisera très peu. Sur la 1ère partie on traverse de nombreux villages et quelques groupes de trekkeurs. Par moment un sentier permet de couper la piste et de changer un peu la progression.


Au détour d’un virage on aperçoit l’Annapurna II (7900m) un des 6 sommets de la chaine des Annapurnas.


L’altitude monte régulièrement, en début d’aprés-midi on atteint le plateau de Manang à 3200m. A Humde on longe la piste bitumée du petit aéroport qui semble bien désert.

hotel Bob Marley pour soirée enfumée

Seul une rotation d’hélicoptère troublera sa tranquillité. Encore 8km sur ce plateau interminable que je parcours avec Bruno et Virginie. Damien n’est pas très loin derrière. Toute la chaîne des Annapurnas est désormais visible sur notre gauche.


Il nous faudra 9h pour rejoindre Manang ville étape de nombreux trek sur le tour des Annapurnas. Toute l’équipe est bien fatiguée après ces 2 longues étapes mais ce soir nous pouvons prendre une douche chaude à l’hôtel.








Il y a même 2 boulangeries dans le village avec une machine qui fait du vrai café, toute l’équipe y passera pour un petit plaisir des papilles. Demain matin grasse matinée avec un réveil à 8h pour la plus courte étape de la course avant l’énorme final dans 2 jours.

Etape 10 : Manang(3540m) - Tilicho Base Camp(4150m) : (15km 1000m+ 400m-)

Pour une fois on peut prendre son temps avant le départ et poireauter sur la place du village sous un beau soleil au pied de l’Annapurna I (8050m) 1er des 14 sommets de plus de 8000m gravi en 1950 par une expédition française.


A la sortie du village on quitte l’itinéraire principal qui file au Nord vers le Thorong Pass pour partir vers l’Est direction le Tilicho.






A 4200m il faut traverser une longue zone d'éboulis avec plusieurs passages délicats. Il faut rester vigilants mais la météo est avec nous et les passages restent accessibles. Je fais la montée avec Damien, Fabien et Bruno agrémentée de quelques séances photos, le panorama est exceptionnel.






Après un refuge intermédiaire on atteint le Tilicho Base Camp (4150m) en 3h30.




On a le temps de s’installer tranquillement dans un des 2 bâtiments du camp. En fin de journée le temps se couvre et il se met à neiger. Un brin d’inquiétude pour le lendemain où nous aurons une longue journée en haute altitude. On profite de l’après midi pour régler les crampons ce qui sera fort utile pour certains. Avec Gildas on se fait également une séance arithmétique à 4000m pour vérifier que les neurones sont toujours en place, il faut additionner les temps des 3 dernières étapes et faire le classement provisoire.


Nous allons passer notre nuit la plus haute de la course bien calés dans nos sacs de couchage.


Etape 11 : Tilicho Base Camp(4150m) - Tilicho Lake(4950) - Eastern Pass(5340m) - Mesokanto La (5121m) - Jomson(2720m)

Je me suis levé dans la nuit pour aller aux toilettes et j’ai constaté avec soulagement que le ciel était étoilé et la température supportable pour l’altitude. Lever 3h pour un départ à 4h avec cette fois un petit dej mangeable. Les consignes ont été claires la veille nous allons rester longtemps au-dessus de 5000m donc on ne reste pas seul. On part par petits groupes. Ca grimpe fort dès le départ et je suis tout de suite à la limite. Le souffle est court, le rythme cardiaque à fond j’ai du mal à me calmer malgré une progression très lente. Petit frayeur qui durera tout de même 30mn avant que tout rentre dans l’ordre. Je reprends un rythme plus régulier avec le jour qui pointe.




Après une rude montée on débouche au-dessus du lac Tilicho un des plus hauts du monde à 4950m. Le lac immense est gelé.



Fabien 
Pour contourner le lac, l’itinéraire par sur la droite sur un long enchaînement de petit col au-dessus de 5000m. L’Eastern Pass à 5340m est le point le pus haut. A l’autre bout du lac on devise sur la possibilité de le traverser sur la glace, c'eût été plus simple et plus rapide mais aussi beaucoup risquer et peut être pas autorisé.





Il faut encore monter jusqu’au Mesokanto Pass (5121m) avant de basculer.


Arrivée au col nous sommes surpris de trouver l'avant de la course et les ouvreurs assis.



Il y a un gros névé dans le couloir de sortie du col et les guides ont préféré installer 2 cordes fixes pour passer. Par sécurité on attend que tout le monde soit là pour passer. L’étape sera neutralisée au niveau du chrono, tout le monde aura le même temps. On met les crampons on sort les 3m de corde obligatoire et le mousqueton pour se sangler sur les cordes fixes. Il y a environ 50m à descendre puis on peut s’échapper sur la droite.




En fait le névé passait bien les pieds s’enfonçait dans la neige pas de risque de glissage mais ça on ne le sait qu’après. Si tu tombes sur 10m de glace en bout de corde fixe ce n’est pas la même chose, la sécurité est assurée et nous passons tous sans problème. Au moins on aura utilisé tous le matériel obligatoire que l’on a transporté pendant 11 jours. La longue descente se fait ensuite en groupe sans soucis de chrono. C’est sympa car c’est l’occasion de faire un bout de chemin avec ceux qui sont habituellement devant. On cherche un peu notre chemin dans la 1ère partie, Bruno nous ramène sur l’itinéraire il n’y a plus qu’à se laisser descendre jusqu’à Jomson.

Dans la descente avec Christophe, Virginie et Bruno
Nous n’aurons pas croisé d'âmes qui vivent sur toute la descente, sur la fin le paysage ressemble un peu à la garrigue provençale il ne manque plus que les cigales, con. Nous dit François avec son accent du Sud. Jomson est en vue. Il faut traverser un village et trouver le pont qui permet de passer sur l’autre rive puis remonter la rue principale pour arriver à l’auberge qui matérialise la fin de la course.
le dernier pont avant l'arrivée
Petit à petit tout le monde arrive. On se retrouve tous le soir pour manger un dernier Dal Bat qui malheureusement est tellement épicé que personne ne peut l'apprécier. Pas grave on se rattrapera le lendemain.

Voilà c’est la fin d’une belle aventure, je suis heureux et content de l’avoir terminer dans de bonnes conditions et sans pépins physiques. Je suis même surpris du bon état de mes pieds, les Mafate Speed ont fait merveille sur ce parcours. La météo idéale pendant toute la course a été une alliée indéniable dans la réussite de cette 16éme édition de l’Annapurna Mandala Trail. Pour l'anecdote je termine 13e en 81h19'.


Le lendemain matin on rejoint Pokhara, charmante ville au bord d’un lac, pour une journée de repos. Les 2 petits avions qui nous ramène nous offre un vol impressionnant en fond de vallée avec le Dhaulagiri(8167m) sur la droite.




Le Dhaulagiri 
Après un nouveau vol de moins d’une heure nous passons la dernière journée à Kathmandu avec la cérémonie de clôture et la remise du magnifique trophée à tous les participants.



Les équipes des Chevaliers du Vent et de Base Camp Trek qui nous ont proposés cette aventure ont été à la hauteur de l’évènement. L’ambiance a toujours été conviviale et amicale entre tous. J’ai trouvé ce que j’étais venu chercher et même plus.

La vidéo de l'AMT2016

Alors si vous avez l’occasion et l’envie de vivre une belle aventure n’hésitez pas vous ne serez pas déçus, n’oubliez pas non plus que c’est une épreuve sportive qui demande de la préparation. Et comme le parcours de l’AMT change chaque année on peut aussi y revenir, tout est là : Les Chevaliers du Vent

Namasté

(Remerciements à tous les potes, Fabien, Damien, Bruno, Thibaut, ... pour l'emprunt de quelques photos) 



6 commentaires:

  1. Super récit Christian. Bon entrainement pour la Transpy, au plaisir de te croisé le 19 juillet.
    Daniel

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  2. Merci, oui c'est effectivement un bon entrainement pour la Transpy en particulier pour le matériel, je prendrais le même sac (Vertical 40L). A Bientot

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  3. bravo mon Cricri!
    ton reportage est extra ça donne l'envie de vivre aussi une aventure extraordinaire. très bonne récup Cap'taine!
    sophie

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  4. Beau compte rendu Christian,je suis une inconditionnelle du Népal, tu vas être en grande forme pour le Challenge du Val de Drôme, à très bientôt à Crest
    Dany

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  5. Super Christian, ça fait envie...
    à bientôt dans les Pyrénées !
    Laurent

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  6. ça fait envie, ça fait envie, ça fait envie, ça fait envie.....:-)

    Merci de nous faire envie, Christian !

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